S’inspirer du passé : comment l’ancien nourrit mon art et mon quotidien
Confidence d’une artiste passionnée par le passé
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu une passion pour le passé. Il me fascine tout autant qu’il m’intrigue.
Cette passion influence aujourd’hui grandement ma vie et mon quotidien : elle se retranscrit dans ma décoration, la manière de m’habiller, dans mes gouts littéraires, cinématographique, et même dans mon art.
Vous l’aurez compris, cet article est différents de ce que j’ai pu écrire. C’est un article plus personnel. Il est le fruit d’une vraie réflexion et introspection sur qui je suis en tant que personne, mais aussi en tant qu’artiste.
D'où vient ma fascination pour le passé ?
Enfant, j’adorais écouter ma maman me parler de sa jeunesse. J’étais fascinée par ses histoires, qui me paraissait si lointaines, puisque je ne les avais pas connues. J’imaginais même qu’elle avait vécu à l’époque des princesses et qu’elle portait de grandes robes tous les jours.
En tant que petite fille, j’avais des étoiles plein les yeux et c’est surement comme cela que j’ai développé une curiosité sur ces époques passées qui m’étaient inconnues.
La transmission de nos ainés
Le premier moyen de toucher du doigt le passé, c’est la transmission de nos ainés. Ils ont tant d’histoires à nous raconter. Ils ont tant de choses à nous apprendre. Et cela me touche particulièrement car leurs histoires sont en fin de compte mon histoire.
Le cinéma
Je pense que les films et dessins animés ont aussi beaucoup façonnés mon goût pour les temps anciens. J’ai été bercée par les films Disney étant petite fille où les histoires se déroulaient toutes “il y a fort fort longtemps”.
Cette phrase résonnait en moi, et je faisais croire que les contes de fée existaient vraiment.
La littérature
Les livres sont aussi pour moi une belle porte d’entrée dans ces mondes anciens. Ils sont le témoin de ces époques passées. Grâce à eux, on peut faire un bon dans le temps.
Je n’ai pourtant jamais été une grande lectrice, mais quand j’ai découvert la littérature du XIXème siècle, je n’ai pas pu décrocher. Et les livres de cette époque font maintenant parti de l’essentiel de mes lectures.

Ma bibliothèque de livres anciens
L’histoire et l’histoire de l’art
Aller au musée n’était pas une corvée pour moi, au contraire : j’adorais me perdre devant l’immensité des tableaux, rêver des histoires qu’ils pouvaient raconter.
A 18ans, j’ai tenté le concours d’entrée à l’école d’Architecture, mais j’ai échoué, et j’ai trouvé une voie de substitution qui me plaisait tout autant : l’histoire de l’art.
Moi qui n’ai jamais aimé l’école, je me souviens que je partais à l’université tous les matins sourire au lèvres, à l’idée de passer la journée sur un banc à écouter des histoires passionnantes.
Là, on étudiait l’histoire en parallèle de l’histoire de l’art.J’ai compris comment l’histoire peut aider à comprendre l’art, et inversement.
Cela a été une révélation magnifique et m’a permis d’affiner mes goûts et mon œil pour l’art.

L’un de mes tableaux préférés au Musée des Beaux Arts de Lyon :
Le Réveil de Juliette, 1886, Albert Maignan (1845-1908)
L’architecture et les « belles pierres »
Mon année d’étude en histoire de l’art a été la plus belle année de mes études, mais j’ai du la quitter puisque j’ai réussi le concours à la deuxième tentative d’école d’architecture.
L’amoureuse des vielles pierres que je suis a trouvé le moyen de continuer en travaillant dans une agence d’architecture qui rénovait du patrimoine ancien.
J’étais passionnée dès qu’il fallait se rendre aux archives pour enquêter sur l’histoire d’un bâtiment, découvrir des merveilles cachées sous des faux plafond contemporains, gratter les couches de peinture d’un mur pour découvrir de magnifiques fresques d’époques ensevelies, …
Cela m’a permis de mieux accepter cette filière, dans laquelle je ne me sentais pas si bien.

Chiner en brocante
Si j’aime tant le passé, j’aime aussi lui donner une place concrète dans ma vie.
C’est sans doute pour cela que je me passionne pour les brocantes et les vide-greniers.
J’aime chiner des objets anciens, m’entourer d’objets qui ont déjà eu une vie, qui portent en eux des souvenirs invisibles. Je me plais à imaginer à qui ils ont appartenu, quelles scènes du quotidien ils ont traversées, quelles histoires ils pourraient me raconter.
Avec le temps, mon intérieur s’est rempli de ces trouvailles uniques. Ma vaisselle, ma décoration, ma garde-robe : presque tout est déniché au fil des promenades.

Ma décoration entièrement chinée
Et ce plaisir d’acheter de seconde main, c’est aussi un geste doux pour la planète et pour mon porte-monnaie. J’aime l’idée de porter des pièces que personne d’autre ne possède, de vivre entourée d’objets rares, choisis avec soin.
En prolongeant le fil du passé dans mon quotidien, je lie l’utile à l’agréable.
Le XIXème siècle : une source d'inspiration
Parmi toutes les époques, le XIXème siècle est celle qui résonne le plus en moi. Peut-être est-ce parce qu’elle ne me parait pas si lointaine ?
Le XIXᵉ siècle est un entre-deux fragile entre le monde ancien et le monde moderne. Si ce siècle me parle autant, c’est en parti pour ce qu’il représente dans l’histoire des femmes.
Il a vu naitre les balbutiements des premières actions féministes et l’émergence de femmes artistes et écrivaines exceptionnelles.
Même si tout était encore fragile, ces femmes ont ouvert une brèche qui permet aux femmes d’aujourd’hui d’atteindre (presque) l’égalité de l’homme, et plus personnellement qui m’autorise aujourd’hui à exercer mon métier de rêve.
L'art de remonter le temps du bout de mes crayons
Cette passion pour le passé influence aujourd’hui mon esthétique artistique.
Dans un précédent article, j’expliquais comment les courants artistiques du XIXème siècle m’inspiraient et influençaient directement mon esthétique artistiques aujourd’hui.
Le romantisme, les pré-raphaélites ou encore l’art impressionniste sont des mouvements qui accordent une grande place à la sensibilité, à la nature, à l’émotion pure.
Ils me rappellent que l’on peut créer en mettant de la poésie dans chaque geste, en dessinant non pas pour reproduire mais pour émouvoir.
Dans mes illustrations, j’essaie de réenchanter la figure féminine, en lui offrant une place dans chacun de mes dessins. Les femmes que je dessine ont des allures d’héroïnes d’un roman de Jane Austen, ou de sortir tout droit d’un tableau de Waterhouse. Elles sont à la fois fortes et sensibles, mystérieuses et lumineuses, ancrées dans la nature et ouvertes sur l’imaginaire.
Mes illustrations de femmes
Aujourd’hui, je comprends que cette passion pour les temps anciens fait entièrement parti de la personne que je suis. Il a investi mon quotidien, la manière dont je m’habille, ma décoration intérieur, mais aussi mon art.


